Le magazine Amours Bio pour votre bien-être

De 2008 à 2011 je suis partie en Australie. Pendant une période de mon voyage je me suis retrouvée à bosser dans une Cattle Station, ce sont des fermes à vaches à viande, si grandes que pour réunir les vaches dans l'enclos les fermiers utilisent des hélicoptères, à Yakka Munga, Nathan le patron faisait le mustering avec 3 hélicoptères, une motocross, un quad et 2 pick up. Ils appellent ça des Utes en Australie. Anyway...je ne savais pas que j'avais attérri dans une ferme à vache à viande, l'annonce ne précisait rien, pendant 2 semaines nous avont fait des barrières en fil barbelé, construit des murs en ciment, tout allait bien, jusqu'au 1er jour du Muster, levé à l'aube, 5h du matin, nous entendons le bruit des hélicoptères, Jeff notre manager vient nous récupérer en pick up, nous montons tous à l'arrière et suivons les hélicos pour les ravitailler en fuel quand besoin. La ferme d'une superficie de 200 000 Acres (Environ 80 000 Hectares) était immense...nous arrivons dans l'enclos ou Nathan à pu réunir environ 2000 Vaches sur les 10 000 qui peuplent la Cattle Station. Le meuglement de ses vaches, affolées, déboussolées se fait ressentir, la terre se remue dans tous les sens, parfois des vents de chaleurs font se former des mini tornades de sable... Le soleil descend, la ferme est à environ 20 mn de route sur terre, nous laissons le troupeau dans l'enclos et rentrons. à 20H Nathan éteint le générateur qui nous approvisionne en électricité. Nous prenons nos douches dans une sorte de container pour les mineurs que Nathan à récupéré. L'eau est solaire, donc tout le temps chaude pour nous. Le lendemain à L'aube nous retournons dans l'enclos, sans trop savoir ce qu'il va se passer. Puis là, Jeff et Nathan nous positionnent, on me donne une seringue, Cyril un spray anti mouches, Mickey et Ben restent devant avec Jeff, Eve et Will sur l'arrière, ça y'est c'est parti, nous allons les passer une par une dans une ligne entourée de 2 barrières pour qu'elles ne puissent faire demi tour, je dois leur injecter le vaccin, l'un doit leur envoyer du spray et les derniers devant leur bloquer la tête dans une porte de métal pour pouvoir leur couper les cornes avec une sorte de vieille machine en métal, qui doit peser dans les 20kg, branchée sur la batterie du pick up. Pour les faire venir dans cette ligne de métal, nous devons ouvrir et fermer des barrières de l'enclos et en faire rentrer environ 50 par 50 depuis l'enclos principal. Vaches, taureaux, veaux; tout est mélangé, nous devons les trier; les vaches ayant des petits en bas âge seront relâchées, le reste trié selon état, procédé puis envoyé à l'abattoir. Toute la journée nous enchainons vache après vache; les plus anciennes et faible se laissent parfois tomber dans la lignée, nous sommes parfois obligés de les tuer d'un coup de fusil entre les deux yeux, par facilité pour elles comme pour nous. Epuisées, certaines ne veulent plus avancer et se laissent mourir dans l'enclos. Apeurés; de jeunes taureaux courent dans tous les sens, nous chargeant maintes fois, nous devons garder les yeux ouverts partout. J'ai été projetée en arrière après un coup de sabot en plein dans la poitrine, j'ai eu l'occasion aussi de me faire charger par Mylo, l'un des taureaux les plus rebelles dont je ne vous raconterais pas l'histoire ici ça prendrait trop de temps. Il m’a envoyé une grosse boule de terre dans les yeux, je ne voyais plus rien mais devait me protéger d'une éventuelle attaque. Le soir au coucher du soleil nous fermons l'enclos et rentrons manger puis dormir tôt. Nous sommes noirs de saleté, jusque dans les narines. J'ai beau me moucher constamment, il n'en sort que du noir, de la poussière, je ne sais plus que faire. La douche est longue pour se décrasser, heureusement que l'eau vient de la pluie et ou de la terre. Le 2ème soir en repartant nous entendons un bébé crier, nous nous approchons et voyons cette petite vache marron avec le cordon ombilical encore accroché, elle pleur et cherche sa maman dans tous les coins. Nous la regardons, elle pleure, elle à faim. Nathan est d'accord pour la ramener à la ferme et lui donner à manger. Il à du lait en poudre et de gros biberons, lui même ayant recueillit 3 vaches qui vivent autour de sa maison, Wylomina, qui n'aime pas les filles ! Elisabeth, très peureuse et Emily. Nous donnons le biberon à se bébé puis Nathan décide de retourner la déposer là ou nous l'avons trouvé au cas ou sa mère viendrais la chercher pendant la nuit. C'est le coeur brisé que nous la reposons en pleine nature; en pleine nuit... Le lendemain quand nous partons travailler dans l'enclos nous la voyons toujours au même endroit, seule et pleurant. Nous la récupérons et voilà mon aventure avec Lily qui commence. 6 mois de pure bonheur, je lui donne le biberon tous les jours, bien sûr elle est à côté de nous pendant que nous arrachons les cornes des vaches et les procédons pour se faire envoyer et rendre en bout de viande, ironie... Lily grandit, je la voit boire de l'eau pour la première fois, perdre son cordon ombilical, brouter ses premières herbes... On ne se quitte plus, je me suis installée une tente dehors mais n'ai laissé que la moustiquaire pour pouvoir dormir protégée mais près de Lily. Parfois pendant les jours off je lis un livre allongée dans l'herbe, elle se joint à moi et s'allonge à côté. Après 6 mois mon visa expire et je dois quitter l'Australie en dernière minute...Je pars 3 mois en Nouvelle Zélande, à mon retour sur Perth je n'ai plus trop d'argent et doit à tout prix trouver un moyen de rejoindre Lily dans les Kimberleys à 2300km au nord de Perth. Je trouve un covoiturage, dans un road train, ces camions à 3 remorques super longs, un français au volant avec un kiwi ! Nous faisons la moitié du chemin ensemble, ils me déposent dans une ville minière juste avant la tombée de la nuit ou je fais du stop en espérant trouver une bonne âme qui m'amènera jusqu'à ma vache. Un routier s'arrête, il m'emmène jusqu'au bout, prend soin de moi comme un père je remercie encore l'univers d'avoir eu la chance de tomber sur lui. J'ai pu revoir ma Lily qui ne m'a pas oublié. Depuis j'ai re quitté l'Australie faute de visa, Lily est devenue maman, elle est toujours dans la ferme qui est mise en vente depuis 3 ans maintenant. Je retourne en Australie en Octobre et compte bien retourner la voir. Je n'oublierais jamais les moments qu'on à partagé ensemble.

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